Foresterie
Pour une nouvelle foresterie
La plateforme de l’Action boréale est un ensemble schématisé de principes et de propositions qui la guident dans ses décisions, ses prises de position et ses actions sur les dossiers et les pratiques touchant l’ensemble des activités d’aménagement et d’exploitation de la forêt boréale commerciale. Pour faciliter la compréhension de certains concepts, nous avons cru bon d’ajouter un lexique à la fin du document où le lecteur trouvera des définitions et des explications sur des notions et des termes utilisés dans le texte.
Les événements qui ont défrayé les manchettes depuis l’an 2000 dans le domaine de la forêt au Québec (grand succès du film L’Erreur boréale (2000) , et la controverse nationale qui a suivi; Rapport de la Vérificatrice générale du Québec sur la gestion des forêts (2002); pressions de toutes parts ayant abouti à la création de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel (2002) et à la mise sur pied de la Commission d’étude sur la gestion de la forêt publique québécoise (2004), etc.) ont montré que l’Action boréale exprimait, à travers ses revendications, l’opinion d’une large majorité de citoyens québécois. Ces citoyens sont toujours manifestement préoccupés par la mauvaise gestion de la forêt québécoise et ses conséquences environnementales, sociales et économiques.
Le sujet d’intérêt central de l’Action boréale, la forêt boréale, est cet immense territoire qui grosso modo correspond aux deux grands domaines de la sapinière à bouleau blanc, et de la pessière à épinette noire, et représente beaucoup plus que des arbres. C’est aussi un milieu de vie pour de nombreuses communautés du Québec, un lieu de ressourcement pour les Québécois en général, des rivières et des lacs, des habitats fauniques diversifiés, etc.
Vers un aménagement respectueux du territoire
Bien que la coupe des grandes forêts de pins et de chênes remonte au XVIIIe siècle et trouve son apogée au début du XIXe, l’exploitation industrielle telle qu’on la connaît aujourd’hui débute plutôt vers les années 1850. De cette date jusqu’à aujourd’hui, la foresterie québécoise et canadienne s’appuie exclusivement sur un modèle industriel et productiviste[1]. Ce n’est que sous l’influence de conservationnistes américains, qu’elle s’accommoda peu à peu de l’idée de préservation des forêts mais, toutefois, à des fins purement utilitaristes, à savoir l’approvisionnement de l’industrie. Ce n’est qu’au début des années 1990 que le gouvernement fédéral donna un sérieux coup de barre vers le développement durable des forêts. Et depuis, les provinces se font tirer l’oreille, notamment par les organismes environnementaux non gouvernementaux (OENG), pour emboîter le pas.
L’Action boréale est née dans la foulée de cette prise de conscience collective à savoir que l’approche prédatrice aux seules fins économiques était en train de compromettre l’avenir de notre patrimoine forestier et de tout ce qu’il comporte de richesses non monétaires, mais essentielles à notre qualité de vie. En ce début de XXIe siècle, il est plus que temps que nos gouvernements et l’industrie s’engagent résolument dans un aménagement non seulement plus respectueux de l’environnement, mais aussi et surtout plus diversifié quant à ses objets.
L’aménagement respectueux[2] exige d’abord une vision globale et à long terme de nos pratiques en matière de gestion forestière. Il exige aussi une connaissance approfondie des territoires visés ainsi que la prise en compte de toutes les composantes du milieu avant, pendant et après toute activité d’aménagement et, qui plus est, de prélèvement. Ainsi, une bonne foresterie devrait non seulement garantir la pérennité de la ressource ligneuse dans toute sa diversité et au meilleur de sa qualité, mais aussi celle de toutes les espèces végétales et animales, qu’elles soient considérées commerciales ou non, et celle du bon fonctionnement des écosystèmes. Dans cette optique, une attention particulière doit être portée aux espèces baromètres ou indicatrices[3], par exemple le loup, la souris sylvestre, la marte d’Amérique et les oiseaux en général.
Développement durable
La notion de développement durable[4] a envahi le discours de tous les intervenants en foresterie. Qu’il s’agisse des gouvernements, des industriels forestiers ou des groupes sociaux et environnementaux, chacun s’en réclame et interprète ce concept en fonction de ses propres intérêts. Contrairement au modèle généralement mis de l’avant par les tenants des secteurs publics et privés (Figure 1), l’Action boréale défend un modèle (Figure 2) qui place chacun des éléments (environnement, société humaine et économie) dans une hiérarchie de dépendance selon une approche écosystémique[5]. Les humains dépendent de leur environnement, l’économie dépend de la société (consommation) et de l’environnement (ressources naturelles).
Figure 1 – Modèle de la balance à trois plateaux du développement durable tel que couramment mis de l’avant par les gouvernements et les industriels
Le modèle illustré à la Figure 1 peut s’apparenter à une balance à trois plateaux. Lors de l’analyse de projets de développement, on tente d’en arriver à un équilibre entre ces trois aspects en conciliant les intérêts des groupes concernés (gouvernements, industriels, environnementalistes et citoyens). Dans cet exercice d’équilibrisme, le gouvernement a toujours eu tendance à trancher en faveur des entreprises vu l’énorme poids économique que représente la filière bois (retombées et création d’emplois). Nous croyons que ce modèle est faussé au départ étant donné que l’environnement n’y constitue qu’une composante de même poids que les autres, ce qui de toute évidence n’est pas la réalité. En effet, l’environnement dans le sens de complexes d’écosystèmes, est le support premier et global de la production primaire de laquelle se nourrit l’humanité, et sur lequel se déroulent les activités humaines. Donc, si le support écologique s’affaiblit, c’est la société humaine et son économie qui en pâtissent.
Figure 2 – Représentation des trois filtres du développement durable tel que défendu par l’Action boréale
Les trois filtres du développement durable
Dans le passé, les projets de développement étaient généralement analysés en tenant compte uniquement de leurs retombées économiques (profits et emplois). Les dimensions sociale et environnementale étaient reléguées au second plan, avec comme résultat la surexploitation des ressources et l’appauvrissement des écosystèmes et de la biodiversité. Pour tenter de corriger la situation, l’Action boréale croit que nous devons maintenant analyser les projets en utilisant la méthode des 3 filtres selon l’ordre de priorité suivant :
- L’impact sur l’environnement du projet est-il réversible ou écologiquement soutenable?
- Le projet est-il utile et acceptable pour la société?
- Le projet est-il viable au plan économique?
La réalité est évidemment plus complexe que ne le laissent supposer ces trois énoncés. Ainsi, un projet peut ne pas être économiquement rentable à court terme, comme par exemple la création d’une aire protégée, mais s’avérer essentiel au plan écologique, sinon social. Un autre projet peut être très rentable financièrement mais pour un groupe restreint d’actionnaires, et apporter très peu de bénéfices à long terme pour la collectivité telle, par exemple, l’implantation d’un casino en plein quartier urbain. Voilà pourquoi, selon l’Action boréale, l’important est de respecter l’ordre prioritaire des enjeux, en faisant passer d’abord la sauvegarde du fonctionnement écologique de l’environnement comme critère décisionnel de base en matière d’aménagement du territoire. Un projet qui ne passe pas le test sérieux des impacts environnementaux doit être rejeté au vu de la dégradation actuelle et de la fragilité des écosystèmes. L’histoire recèle de nombreux cas où des formes de développement jugés utiles et acceptables socialement et rentables économiquement en fonction des valeurs d’une époque ont mené à des conséquences catastrophiques (par exemple, la Ville de Lebel-sur-Quévillon et Malartic?).
Bien entendu, de nombreux projets, pour ne pas dire tous, mettent en jeu des valeurs écologiques et des intérêts collectifs et individuels. La décision d’aller de l’avant ne doit pas reposer sur des compromis pour satisfaire un peu tout le monde, comme cela se fait encore aujourd’hui avec le modèle de la balance à trois plateaux. L’approche des trois filtres prônée par l’Action boréale permet d’assurer d’abord la pérennité des écosystèmes et de la ressource forestière, en second lieu, la survie et le développement des communautés locales et, enfin, l’émergence d’entreprises responsables au plan social et environnemental.
Ce que l’on doit laisser plutôt que ce que l’on peut extraire
En commençant par le filtre des impacts environnementaux, nous en venons à changer le processus d’analyse qui consistait à nous demander quelle quantité maximale de ressource nous pouvons extraire d’un territoire, par celui qui consiste à nous demander ce que nous devons laisser sur le territoire pour les générations qui suivent et pour nous assurer de la résilience du milieu aux impacts de l’extraction des ressources. Cette approche permet aussi d’assurer la pérennité des ressources et des services fournis par les écosystèmes (production d’oxygène, contrôle de l’érosion, purification de l’eau, stockage du carbone, etc.) et de conserver suffisamment de composantes de l’écosystème pour offrir le couvert et la nourriture nécessaires à la faune.
À titre d’exemple, ce principe pourrait nous aider à résoudre un nouvel enjeu relatif à la diversification de l’industrie forestière, celui de l’extraction de la biomasse[6] à des fins énergétiques ou autres. Le gouvernement et les entreprises n’y voient qu’une opportunité économique qui contribuerait à relancer une industrie en crise sans tenir compte des mises en garde des scientifiques, notamment en ce qui concerne la perte de fertilité des sols forestiers et l’augmentation de l’impact des pluies acides sur la croissance des arbres.
Marché mondial vs développement local
Dans l’économie actuelle, deux tendances s’affrontent. On peut les illustrer au moyen de deux phrases célèbres : celle de Schumaker, « Small is beautiful », et celle de notre Bob Gratton national, « Think big, stie! ».
En réponse à la volonté clairement exprimée par les entreprises forestières et endossée aveuglément par nos gestionnaires gouvernementaux qui parlent de consolidation de l’industrie, de fusion de plusieurs usines pour en faire de plus grosses, nous proposons de créer des usines plus petites, plus près de la ressource et des communautés, en nous inspirant par exemple du concept des forêts habitées[7].
Cette approche assurerait une plus grande participation des habitants des territoires concernés, un meilleur contrôle sur la ressource et inciterait à une plus grande diversification et à une complémentarité des productions.
Les petites et moyennes entreprises sont généralement plus respectueuses des ressources dont elles dépendent; elles sont enracinées dans le milieu et sont plus près de leurs employés, ce qui crée habituellement un climat de travail plus valorisant. Dans la crise forestière actuelle, les PME s’en tirent généralement plus facilement que les grandes multinationales.
Faire plus avec moins
Prenant acte de la rareté croissante de la ressource forestière, héritée des politiques mal avisées et des pratiques abusives du passé, l’Action boréale favorise les projets qui utilisent moins de ressources et qui génèrent plus de retombées régionales plutôt que ceux qui consomment beaucoup de ressources et génèrent peu de retombées en région. Par exemple, les usines de 2e et 3e transformation (par exemple bois d’ingénierie pour la construction, meubles, etc.) sont préférables à l’exportation massive de produits bas de gamme comme le 2X4 et la pâte à papier.
L’Action boréale soutient donc une utilisation et une transformation optimales de la ressource et croit qu’il faut accorder la priorité aux projets à valeur ajoutée, au profit de tous. La surconsommation et le gaspillage sont des causes de la surexploitation des ressources, quelles qu’elles soient. Le capital naturel[8] de la forêt boréale ne devrait subvenir qu’à nos besoins réels: services écologiques et produits tirés de la forêt pour nous nourrir, nous vêtir, nous abriter, nous guérir et communiquer).
Dans un contexte où la société prend conscience de la nécessité d’économiser l’énergie et de réduire les émissions de gaz à effet de serre, nous devons privilégier le marché local et les circuits courts avant l’exportation des surplus sur de longues distances et le va-et-vient insensé des produits forestiers.
Penser globalement et agir localement
La forêt boréale est présente dans l’ensemble de l’hémisphère nord de la planète et contribue à assurer la vie sur terre et le mieux-être de tous les habitants. Les efforts pour sa sauvegarde doivent donc être coordonnés au plan international. Nous devons être conscients de cette réalité et nous assurer d’harmoniser nos interventions locales et régionales avec les initiatives globales de protection et de conservation. Encore faut-il savoir garder son indépendance vis-à-vis de certains grands lobbies animalistes et environnementaux multinationaux, dont les orientations véritables nous échappent parfois.
Nous devons ainsi nous assurer d’évaluer les répercussions de nos actions locales/régionales pour éviter d’exporter les problèmes ailleurs. Par exemple, fermer une usine de pâte en Abitibi pour en ouvrir une en Ontario ne fait que déplacer le problème en déshabillant Pierre pour habiller Paul. Les Étatsuniens l’ont bien compris en important massivement de la matière ligneuse. Nous devons donc nous méfier du fameux syndrome « pas dans ma cour » et éviter « d’exporter la déforestation ».
En guise de conclusion
La plateforme forestière de l’Action boréale a comme objectif global l’instauration d’un véritable aménagement durable de la forêt boréale. Par ailleurs, le contexte actuel dans lequel nous travaillons en est un de crise industrielle forestière aiguë, de dévitalisation des communautés vivant de la forêt et de fragilisation croissante des écosystèmes forestiers. Nous sommes bien conscients de la force de résistance que représente une industrie qui, historiquement, a joui de toute la mainmise nécessaire sur la ressource pour perpétuer une approche à courte vue, productiviste et marchande. On peut comprendre sa réticence à renoncer à un tel privilège. L’Action boréale entend donc poursuivre ses efforts pour rétablir l’équilibre dans la répartition des bénéfices, tangibles et intangibles, que procure la forêt. La grande industrie est bien consciente qu’elle n’est plus seule. L’Action boréale est d’avis que, par-delà les simples mesures d’harmonisation des usages de la forêt et les vœux pieux du développement durable, nous devons opérer une véritable réappropriation de notre butin collectif afin d’en assurer la pérennité pour l’ensemble des communautés du Québec.
[1] Productivisme : Recherche de l’accroissement de la productivité, sans souci des conséquences négatives éventuelles dans les domaines sociaux, écologiques ou même économiques.
[2] Aménagement respectueux : Se dit d’un aménagement du territoire dont les modifications engendrées ne nuisent pas au bon fontionnement global des écosystèmes.
[3] Espèce baromètre ou indicatrice : Espèce dont on surveille l’évolution pour jauger ce qui se passe dans l’environnement son ensemble. (Glossaire : Espèces en péril. Parcs Canada) Espèce étroitement liée à un environnement particulier ou à un type d’habitat de sorte que sa présence ou son absence sert d’indication sur l’état du milieu. (Glossaire. http://res2.agr.gc.ca/publications/hw/13_f.html)
[4] Développement durable : Développement qui répond aux besoins actuels sans nuire à la capacité des générations futures de répondre aux leurs, et ce, selon la capacité naturelle des écosystèmes à se régénérer. Le concept de développement durable ou «d’écodéveloppement» intègre à la fois des préoccupations de développement de l’ensemble des sociétés des diverses régions du monde, d’équité sociale, de protection de l’environnement local, régional et global, de protection du patrimoine planétaire et de solidarité vis-à-vis des générations futures.
[5] Approche écosystémique : Gestion des activités humaines visant à assurer le maintien, aux échelles temporelles et spatiales appropriées, de la structure, de la fonction et de la composition des écosystèmes, ainsi que des phénomènes physiques, chimiques et biologiques qui les façonnent. Méthode qui exige d’élaborer et de gérer des politiques intégrées ainsi que d’apprendre à développer des ressources capables, comme les écosystèmes, de se renouveler d’elles-mêmes. (Stratégie canadienne de la biodiversité : réponse du Canada à la Convention sur la diversité biologique / rapport du Groupe de travail sur la biodiversité, Canada, 1994)
[6] Biomasse forestière : En terme scientifique, la biomasse forestière est la masse de tous les éléments vivants d’un écosystème forestier. Dans un sens plus technique, plus restreint et productiviste, ce sont aussi, les résidus de coupes (cimes, branches, feuilles, souches, etc.) et de transformation (écorce, sciures, rejets, etc.) des arbres prélevés dans la forêt.
[7] Forêt habitée: Le concept de Forêt habitée est un nouveau mode de gestion décentralisée des ressources forestières. Il vise à mettre en valeur l’ensemble des ressources forestières sur un territoire d’application en vue d’engendrer de l’activité socioéconomique supplémentaire et durable pour les collectivités locales et régionales qui dépendent de ces ressources. Le mode de gestion prend en compte les différents régimes existants en matière de gestion des ressources et des activités forestières, fauniques, récréatives et agricoles, tant en territoire public que privé. Source : MRC de La Matapédia, Schéma d’aménagement révisé de remplacement ,14 février 2001
[8] Capital nature : Ensemble constitué par les systèmes entretenant la vie, la diversité biologique, les ressources renouvelables et non renouvelables. (Source : Union mondiale pour la nature : programme des Nations Unies pour l’environnement, 1991)
Rapport Coulombe
Lointaine alerte (1944 ) :
« Cependant l’opinion publique s’éveille. En effet, jamais on a tant parlé de conservation de nos ressources forestières. Et nous avons le ferme espoir que bientôt, tout en tenant compte des besoins des marchés locaux et étrangers, l’État et l’industrie tiendront aussi compte des besoins des générations présentes et futures et de la forêt elle-même, ressource qui ne demande qu’à se renouveler pourvu qu’elle soit aidée par des coupes et des traitements appropriés. »
– Edgar Porter, Chef forestier de l’Anglo Canadian Pulp and Paper Mills limited, 1944.
« Le ministère des Ressources naturelles n’est pas en mesure de déterminer s’il y a surrécolte du bois dans les forêts publiques. Mais au vu des lacunes dans les calculs de « possibilité forestière », il y a des risques que ce soit le cas. »
– Vérificatrice générale du Québec, 2002
« Notre insistance à demander une enquête publique a porté fruit. En 2004 la commission Coulombe nous donnait raison. Elle préconisa une gestion écosystémique de la ressource.»
– Sophie Cousineau, Journaliste à La Presse :
« Que dit le rapport Coulombe, du nom de Guy Coulombe, le président de la Commission d’étude sur la gestion de la forêt publique québécoise? En quelques mots, que le Québec surexploite ses forêts, surtout depuis la fin des années 80. Que le documentaire L’Erreur boréale du chanteur Richard Desjardins, ce n’est pas le ramassis d’élucubrations d’un poète. Qu’on a surévalué la croissance des forêts ».
Vieilles forêts
« Les vieilles forêts – ou forêts mûres et surannées – ont longtemps constitué la matrice des paysages forestiers préindustriels dans la plupart des régions du Québec. Depuis le début du XXe siècle, l’exploitation forestière se concentre dans les massifs de vieilles forêts et tend progressivement à réduire leur abondance (Comité scientifique sur les enjeux de biodiversité, 2007).
En Fenno-Scandinavie, où l’historique d’exploitation des forêts est plus long, la raréfaction des vieilles forêts consécutives aux activités anthropiques a mis en péril des dizaines d’espèces soumises à ces stades de développement. Plusieurs études ont démontré que certaines espèces d’oiseaux, d’insectes, de champignons, de mousses et de lichens sont étroitement associées aux vieilles forêts (Martikainen et autres, 2000; Siitonen et Saaristo, 2000; Desponts et autres, 2004). L’exploitation forestière extensive des dernières décennies, qui vise à normaliser la structure d’âge en éliminant les forêts surannées (Gauthier et autres, 2008), a profondément modifié le portrait de l’âge des forêts. Le remplacement des vieilles forêts par de jeunes peuplements (inversion de la matrice) est préoccupant car il s’agit d’un changement majeur par rapport aux paysages historiques (MRNF, 2006).
Les portraits du paysage forestier préindustriel constituent une référence pour la mise sur pied des stratégies d’aménagement écosystémique (Varady-Szabo et autres, 2008… Le réseau d’aires protégées devrait comporter une proportion de vieilles forêts comparable à celle des paysages forestiers préindustriels. Ainsi le réseau d’aires protégées assurerait globalement une bonne représentativité de la composition et de la structure d’âges qui définissent ce paysage préindustriel. Cela signifie que le réseau devrait comporter une plus forte proportion de vieilles forêts que le paysage forestier actuel de la zone soumise à l’exploitation forestière. »
Texte intégral : Portrait du réseau d’aires protégées au Québec – Période 2002-2009
Plusieurs études disponibles.
La forêt boréale mondiale
Réginald Harvey : « L’univers boréal renferme à lui seul un tiers de la forêt mondiale et contient le plus vaste écosystème forestier de la terre… La région boréale du Canada abrite 90 % des dernières grandes forêts vierges du pays… Le Québec recèle une partie importante des 20 % de forêts vierges encore présentes sur la planète.
L’épinette noire, son symbole, l’arbre le plus « toff » du monde.
Le rôle de ce gigantesque écosystème. Captation de carbone.
L’industrie forestière vs le forestier en chef
La guerre du bois. Aujourd’hui, L’industrie forestière demande la quasi annulation des redevances qu’elle doit verser pour chaque mètre cube de bois récolté.
Cependant que le forestier en chef du Québec déplore le laxisme dans la réalisation du réseau d’aires protégées.
L’entente Tembec-Abat
L’Abat conclut avec Tembec un protocole d’entente permettant à la compagnie de procéder à une récolte balisée de bois dans le territoire Kanasuta. La protection des cours d’eau et des milieux humides s’y trouve significativement renforcée.