Profitant de la fête des Mères, plus de 100 personnes se sont mobilisées, au pied levé, pour dénoncer la scandaleuse magouille d’une mère, Maïté Blanchette-Vézina, ministre irresponsable de la forêt.

Son projet de loi # 97 de modernisation du régime forestier vise à sacrifier, sans consultations adéquates des Premières Nations et des populations qui l’habitent, le tiers de l’héritage des générations futures au bénéfice de l’industrie forestière. Ce mépris démocratique lui coutera sa job de ministre et vraisemblablement le pouvoir à la CAQ.

On va mettre un homme là-dessus lors des élections à l’automne 2026.

Henri Jacob, président

Carte de souhaits pour Maïté Blanchette Vézina, des mères au front de l’Abitibi-Témiscamingue

Chère Maïté,

En cette fête des Mères, nous avons une pensée sincère pour vous. Une pensée moins douce et légère que nous l’aurions souhaité, conscientes du monde que nous laisserons à nos enfants.

Nous avions amorcé une réponse à votre lettre dans le journal de Montréal, mais avons été prises de court par la sortie de votre projet de loi 97 dans les jours qui ont suivi. Nous avons donc pris le temps d’analyser ce dernier et de remâcher nos mots. Nul besoin d’insister sur le fait qu’en tant que mères, on a BIEN d’autres choses à faire de nos soirs et fins de semaine.

Mais quand en 2025, une ministre ouvre grande la porte à une mainmise industrielle sur nos forêts publiques (territoires non-cédés par les Premiers Peuples), et ce, comme au bon vieux temps, celui d’avant la Commission Coulombe, on a juste envie de dire : « Ben voyons, Maïté, ça va-tu? » Ce recul institutionnalisé, ce déni des connaissances scientifiques, ce désengagement de l’État dans la gestion éthique et innovante de nos forêts publiques, et ce, sans aucune considération pour les Premiers Peuples et citoyens qui l’occupent sont tout à fait déconcertants.

Quand l’on offre un cadeau à ce point empoisonné aux générations futures, nous ne réfléchissons pas et nous nous levons. Même la nuit. Et, « off the record », est-ce que vous arrivez à bien dormir, vous? Parce que nous, pas vraiment. Il en est sans doute de même pour celles et ceux qui n’ont pas à se « détacher de l’arbre pour voir la forêt », puisqu’ils y habitent, y vivent et y sont viscéralement attachés.

Comment une mère peut-elle accepter de porter politiquement un projet qui met en péril les écosystèmes, la biodiversité, la résilience climatique et, ultimement, la qualité de vie de ses propres enfants et de ceux des autres?

Ce n’est pas de courage politique dont il s’agit ici, mais d’une démission devant des forces d’inertie que vous avez pourtant le pouvoir de refuser. Vous êtes entourée, sous pression, sans doute influencée par les voix puissantes de préfets, d’industriels, de sous-ministres et de collègues au gouvernement. Mais votre rôle, votre responsabilité, votre devoir citoyen et maternel, est de penser au-delà du court terme. De vous inscrire dans une lignée de femmes québécoises qui, à défaut de pouvoir toujours changer le système, REFUSENT de l’aggraver.

Vous portez un legs. Celui de vos grands-mères, plus enracinées que technocrates. Quel sera celui que vous laisserez à vos enfants? Ce que vous signez aujourd’hui restera bien au-delà de votre court passage au ministère. Et les questions viendront de vos petits-enfants : Pourquoi avoir cautionné cela? Pourquoi ne pas avoir résisté, quand tout indiquait qu’il fallait ralentir, protéger et innover autrement?

Nous vous le disons sans hostilité, mais sans détour : vous avez encore le choix. Vous pouvez redevenir cette femme, cette mère, capable de se tenir debout, non pas pour préserver un modèle d’affaire à bout de souffle, mais pour honorer votre fonction publique au sens noble du terme. Celle qui protège le bien commun.

Nous sommes des mères et grands-mères au front, sur un territoire de vrais « gars et filles de bois » depuis des générations. Nous tenons au mieux-être des travailleurs et travailleuses du milieu forestier et de leurs enfants, mais celui-ci ne tient pas qu’à  « des jobs » dans le bois. Comme pour tout le vivant, il s’appuie sur la valeur inestimable des services écosystémiques rendus par une forêt en équilibre.

Nous ne souhaitons pas être vos adversaires, mais des alliées lucides. Toutefois, puisque nous occupons des terres algonquines non-cédées en Abitibi-Témiscamingue, nous nous engageons, en guise de reconnaissance, à être nous aussi gardiennes du territoire.

Nous sommes prêtes à vous soutenir, si vous décidez de revenir du côté de celles et ceux qui veulent vivre dans un Québec où la forêt n’est pas qu’une ressource, mais un héritage.

Respectueusement,

Les Mères au front de Val-d’Or

Les Mères au front de Rouyn-Noranda

Les Mères au front d’Abitibi-Ouest