Ressources naturelles

 

Pourquoi  l’Action boréale s’intéresse-t-elle aux ressources naturelles du Québec ?

Essentiellement pour deux raisons, toutes les deux liées à sa mission première : la création d’aires protégées dans la forêt boréale, notamment dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue.

Secteur Forêts

Le ministère des Richesses naturelles du Québec, comme on l’appelait dans les années ‘60, au moment de sa création, a changé de nom depuis 50 ans ; de nom et de missions. Il a généralement intégré les secteurs minier et hydraulique (sauf Hydro-Québec comme Société d’État), parfois celui de la Faune ou des Forêts.

Comme le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles est et a été étroitement lié à la gestion des forêts, à son exploitation, l’Action boréale s’est vue confrontée non seulement à l’exploitation de la forêt boréale publique québécoise par des multinationales internationales, mais aussi à la complicité des différents gouvernements depuis les années ‘80 dans la surexploitation de la ressource forestière, complicité que la direction régionale de l’Abitibi-Témiscamingue entretient systématiquement, à un point tel qu’il est parfois plus simple de s’entendre avec une compagnie forestière qu’avec les responsables régionaux qui entretiennent une culture de colonisés dont Duplessis, dans les année ’50, serait encore fier.

Et le ministère des forêts, parfois de la Faune parfois non, parfois des Parcs, parfois non, continue de se contredire.

Comment pourrait-il faire autrement, puisque le but du secteur « Forêts » est de répondre aux besoins de l’industrie forestière, malgré le fait que les grandes usines, dont le dernier fleuron québécois, Tembec, ait été vendu à une multinationale américaine, et que Eacom,  à Val-d’Or, s’occupe des 2×4 envoyés au Texas ?

Alors que la mission première des secteurs Faune et Parcs est la protection.

En Abitibi, les aires protégées, projetées et non décrétées officiellement, et les agrandissements proposés par le BABE (Bureau des audiences publiques sur l’environnement) sont bloqués, dont l’exemple le plus flagrant concerne le territoire du caribou de Val-d’Or.

Secteur mines

 L’Action boréale n’a pas eu le choix de « s’intéresser » à la question des mines, volet majeur du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (version actuelle de son appellation des années’60), puisque ce ministère se sert d’une loi maintes fois remaniée sans jamais vraiment  en modifier le privilège qui date de la ruée vers l’or, le free mining, intégré depuis des générations, de prospecteurs à des actionnaires, qui fait en sorte qu’un droit sur le sous-sol a priorité sur tout autre droit, qu’il soit individuel ou collectif (propriété privée ou municipale, dont Malartic en l’exemple tragique et définitif).

Les « aires protégées minières » représentent 40% du territoire de l’Abitibi. Des écosystèmes reconnus pour leur apport majeur à la protection de la biodiversité et la santé des communautés sont systématiquement bloqués par l’intransigeance des compagnies à ciel ouvert et de leurs investissements souterrains dans les paradis fiscaux dont bénéficient leurs actionnaires.

De ces 40%, « intouchables », l’Action boréale propose un compromis, celui d’aires protégées polyvalentes[1], dans des secteurs officiellement « fermés » à toute protection selon la « loi » du free minig.

 Ceci étant dit, quand on regarde le tableau des revenus et dépenses du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles des dernières décennies, on s’aperçoit que les redevances de l’exploitation minière perçues par le gouvernement québécois  en 2018 ressemblent à 1¢ la tonne que recevait le gouvernement Duplessis, en 1950, pour l’extraction du fer québécois par des multinationales.

[1] Voir colonnes 4 et 6 au tableau

 Ce tableau a été créé à partir des données des budgets du gouvernement du Québec (de 1980 à 2018 – compte tenu que le ministère de l‘Environnement a été créé en 1979)  présentés annuellement par le ministre des Finances. Le tableau révèlent des « trous », de imprécisions et des inadéquations (voir les notes explicatives à la suite du tableau) qui ne sont que le reflet de ce qui est présenté dans les budgets successifs du gouvernement du Québec. Le tableau présente, selon les données disponibles, les revenus et les dépenses du ministère des Ressources naturelles ainsi que les dépenses du ministère de l’Environnement, et le total des dépenses annuelles pour l’ensemble des ministères. Entre parenthèses, sous les dépenses du ministère des Ressources naturelles, on peut constater le surplus – en vert – ou le déficit – en rouge –. Sous les dépenses du ministère de l’Environnement –  en bleu –  le rapport entre les dépenses du ministère pour chaque 100$ des dépenses du budget global que l’on retrouve dans la dernière colonne.

Malgré toutes les lacunes ou les tentatives de camoufler la réalité de la part du ministère des finances, le tableau permet de voir les « tendances » et les constats dont celui du déficit récurrent des ressources naturelles et du budget de plus en famélique du ministère de l’Environnement dont on a augmenté les responsabilités tout en réduisant les moyens.

C’est assez facile à comprendre, ça dresse un portrait peu reluisant de nos gestionnaires publics et ça permet de mettre en perspective l’histoire d’une banqueroute de nos ressources et de la protection de notre territoire.

Historique des budgets des ministères des ressources naturelles et de l’environnement